29 mars 2024

Messmer le Fascinateur, « cheap »nose ?

Précédé d’une critique élogieuse dans les médias (tous hypnotisés ?), Messmer a débarqué dans mes envies spectacles il y a plusieurs mois. Sa communication est redoutablement offensive (plateaux télé à la chaîne, couvertures presse, sessions d’hypnose collective dans des rédactions… difficile de ne pas en avoir entendu parler ces derniers temps) et le story telling particulièrement bien étudié : Messmer serait tombé dans l’hypnose – comme Obélix dans la potion magique – à l’âge de 7 ans, grâce à son grand-père. Enfant, il fait mordre la poussière aux animaux de la ferme familiale. Plus tard, il officie en tant qu’hypnothérapeute, avant d’utiliser sa « parfaite maîtrise de sa science » (et non son pouvoir) pour se produire dans des shows un peu bling-bling, sous le nom de Messmer, dans les grandes comme les petites salles. Amatrice de magie et « magie mentale »*, sensible aux histoires de magnétismes, fluides et énergies, et candidement prête à être époustouflifiée, j’étais forcément curieuse de découvrir le phénomène.

Fin décembre, voici donc MarCel en route pour l’Olympia, rien que ça. La salle est comble. L’autopromotion qui nous accueille, à base de vidéos de pipoles hypnotisés vantant les talents du « Fascinateur », donne le ton : Messmer est une star !

Pourtant, à la sortie du spectacle, difficile de ne pas être sceptique et dubitatif. Même si j’ai, depuis, revu ma définition de l’hypnose, que j’assimilais plus à une pratique « magique » (au sens de surnaturelle, presque de sorcière), j’ai du mal à croire que, durant plus de 2h, entracte compris, Messmer réussit à maintenir en état d’hypnose une dizaine de personnes qui se remettent à danser le French Cancan comme des marionnettes au son d’une musique.

Si les premiers numéros, notamment la catalepsie, peuvent être assez bluffants – en particulier pour un esprit de bonne composition comme le mien –, le reste, et surtout la seconde partie, selon moi, est assez décevant. Trop énorme pour être crédible. Tout d’abord parce qu’une partie des cobayes choisis parmi des volontaires en première partie reste la même. On ne peut s’empêcher de penser que certains d’entre eux sont payés (la théorie de notre troisième compère), ou restent sur scène, sans être forcément sous hypnose, pour participer au show, au fun. Comment peuvent-ils, en une seule et même soirée, avec un public de 2 000 personnes riant et applaudissant très fort et une musique à fond de ballon, se relâcher suffisamment pour entrer en hypnose et se prendre pour des hommes de Cro-Magnon, régresser au stade de fœtus puis de bébés, oublier leur nom, bloquer sur une heure, ou rejouer des scènes des films ? Tout cela est si spectaculaire, surtout à si grande échelle (voir une quinzaine de personnes tomber sur scène comme des mouches, c’est louche), qu’on peine à ne pas chercher le comédien, le complice dans la foule des « volontaires ».

Néanmoins, vraie ou truquée, la première partie est un divertissement potache assez rigolo, même si l’on rit beaucoup au détriment des personnes sur scène. En revanche, la seconde partie, faisant revivre des extraits de films est moins amusante, parce que pas si « bienveillante » que l’annonce Messmer. Les scènes créées sont parfois même assez violentes : incitation d’une prétendue phobique à caresser un rat sous hypnose, simulation d’une situation de guerre, départ d’E.T., pistolet à dodo… Bizarre aussi est l’insistance de Messmer à vouloir « accoupler » deux hommes (accouchement dans la première partie, slow langoureux dans la deuxième)…

Globalement, il me semble que la longueur nuit à l’éventuelle force du dispositif, le procédé devenant répétitif. Au lieu de convaincre, il finit par faire douter. Quand bien même, autour de nous, des personnes se sont endormies ou ont dansé, lors d’une expérience collective, avec des yeux fixes et vitreux. Tous payés ? Mais peut-être est-ce dans cette ambiguïté, ce pseudo-mystère que réside l’amusement du public, mi-figue mi-raisin. Car, sous hypnose ou pas, Messmer est assez « fort » pour faire faire n’importe quoi à son public. Peut-être est-ce là une véritable sorte d’hypnose ?

Bref. Je suis ressortie du spectacle moins fascinée que désorientée et agacée, mais aussi intriguée. Parce que, au final, même si le mérite de Messmer aura au moins été de me faire lire des tas d’articles sur le sujet, j’ai toujours du mal à comprendre : c’est quoi l’hypnose ? Et surtout, c’est quoi, ce que fait réellement Messmer ?

* En matière de magie mentale, je vous recommande vivement le travail très intéressant et assez impressionnant de Thierry Collet et sa compagnie Le Phalène.

Pour en savoir plus :

Céline

J'aime bidouiller sur l’ordinateur, m’extasier pour un rien, écrire des lettres et des cartes postales, manger du gras et des patates, commencer des régimes, dormir en réunion, faire le ménache, pique-niquer, organiser des soirées ou des sorties « gruppiert », perdre mon temps sur Facebook et mon argent sur leboncoin.fr, ranger mes livres selon un ordre précis, pianoter/gratouiller/chantonner, courir, "véloter" dans Paris, nager loin dans la mer…

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2 réflexions sur « Messmer le Fascinateur, « cheap »nose ? »

  1. Messmer interroge, interpelle. Mais sa performance est précédée d’une telle promotion, en particulier télévisuelle, qu’elle ne surprend plus. Tous les commentaires portent sur cette performance. Aucun sur le spectacle lui même. De ce point de vue, la déception est grande. Aucune écriture, aucune dramaturgie, aucune montée en puissance. La linéarité totale. Le spectacle pourrait, pourquoi pas, durer une heure, deux heures de plus… Je suis parti avant la fin de la seconde partie, sachant que rien ne me surprendrait plus.

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