28 mars 2024

Jennie Abrahamson à L’International, la pop qui venait du froid

Il y a un an, nous vous parlions d’Ane Brun, une chanteuse que nous chérissons particulièrement, Marie et moi. Lorsque je l’ai découverte, en 2009, grâce à un gars bien, Jennie Abrahamson faisait les chœurs, derrière, avec Rebekka Karijord. J’avais immédiatement été impressionnée par la pureté de sa voix – bien qu’elle ne fût qu’en arrière plan -, une voix de femme-enfant, à la fois pleine et aérée, acidulée juste ce qu’il faut pour être séduisante sans être racoleuse. Il y a du Kate Bush en elle – voire du Tori Amos (cf. le morceau « Crash »). Normal que j’aime, donc. Elle passait ce soir pour la seconde fois à l’International (Paris) et, pour la seconde fois, j’y étais !

Jennie Abrahamson fait de la pop. Une pop ciselée comme un diamant ; précieuse car rare (injustement méconnue). Une pop que je qualifierais, dans mon ignorance musicale, de synthétique, non parce qu’elle est artificielle, mais parce qu’elle utilise plein de sons électroniques intrigants et enthousiasmants, particulièrement en live. Ses albums, quatre à ce jour (les trois premiers sont en écoute sur Deezer), sont dans l’ensemble enlevés, joyeux, ludiques, colorés. Hormis quelques ballades et morceaux plus convenus, les compositions de Jennie Abrahamson sont singulières, très personnelles, faites de collages de différentes influences (80’s, Asie), avec des arrangements soignés qui tirent la légèreté apparente vers quelque chose de plus lourd, de plus tellurique, plus animal. Ce côté charnel est donné notamment par l’utilisation de rythmes soutenus, portés en concert par une batterie et des basses très présentes.

C’est d’ailleurs en concert, comme pour beaucoup d’artistes, que l’on prend la pleine mesure de son talent et de la beauté de sa voix – d’ailleurs, une amie qui m’a retrouvée sur la fin du concert s’est écriée : « Elle a une super voix ! » et s’est montrée curieuse d’écouter ses albums. Le concert de ce soir s’est ouvert sur le glaciaire et mystérieux « Snowstorm ». Dépouillé, centré sur la voix éthérée de Jennie seulement enrobée de quelques notes jouées sur une espèce de marimba en verre et quelques coups de cymbale. Un manteau de neige s’est déposé sur L’International, sous le charme – il y avait hélas peu de monde, mais un public attentif et parfois même fan. Peu après, nouvel extrait de son dernier album Gemini Gemini, malheureusement encore indisponible en France : « Wolf », excellent morceau, soutenu par une batterie très tribale et aux sonorités 80’s. Efficace et magnétique. Probablement l’un de mes préférés de l’album. Parmi les nouvelles chansons, deux ou trois « oldies » : « Why did I leave home », chanson pop rock très agréable et « In this life to live » pertinemment revisitée de façon plus électro, moins sucrée que l’originale (que j’aime néanmoins beaucoup, même si c’est probablement son morceau le plus consensuel).

Le set était assez court (une heure), mais mêlait avec équilibre les meilleurs morceaux des quatre albums, en particulier les dansants, dont un qui se termine en apothéose électro mais dont j’ignore le titre. Le magnifique « Phoenix » constituait l’un des rares moments de douceur, douceur pourtant toujours présente à travers sa voix. Un rappel enthousiaste a permis à Jennie de terminer sur deux requêtes du public : « I lost my heart » et « Late night show », parfaits pour clore en beauté une soirée intimiste et délicieuse.





A la première écoute, la musique de Jennie Abrahamson pourrait paraître kitsch et rose bonbon, pourtant, si l’on tend bien l’oreille, on y décèle une ambivalence très originale (un mélange étonnant de candeur et de complexité, de légèreté et bestialité), que l’on retrouve dans la minutie de ses arrangements qui parviennent toutefois à paraître très minimalistes… Une dualité résumée dans le titre de son dernier album Gemini Gemini ?

Evidemment, j’irai la voir lors de son prochain passage parisien, en espérant avoir convaincu quelques lecteurs. (Et cette fois-ci, j’espère bien qu’elle nous accordera une interview !)

Jennie Abrahamson Setlist L'international, Paris, France 2014

 Pour en savoir plus :

Céline

J'aime bidouiller sur l’ordinateur, m’extasier pour un rien, écrire des lettres et des cartes postales, manger du gras et des patates, commencer des régimes, dormir en réunion, faire le ménache, pique-niquer, organiser des soirées ou des sorties « gruppiert », perdre mon temps sur Facebook et mon argent sur leboncoin.fr, ranger mes livres selon un ordre précis, pianoter/gratouiller/chantonner, courir, "véloter" dans Paris, nager loin dans la mer…

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5 réflexions sur « Jennie Abrahamson à L’International, la pop qui venait du froid »

  1. Super concert, j’ai eu la chance d’y être. Une artiste exceptionnelle et une voix hors du commun. Bref, une soirée magique !

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