29 mars 2024

« deGeneration », de Hofesh Shechter

Très belle soirée que celle offerte samedi par le Théâtre de la Ville, aux Abbesses. S’y jouait un programme court mais intense du très excitant Hofesh Schechter, chorégraphe anglais d’origine israélienne, dont les pièces vibrent d’une énergie galvanisante. Il vous reste encore deux soirs pour découvrir cet univers magnétique.

Troisième Hofesh Shechter pour moi et une excellente surprise. Après le décoiffant Political Mother (2010), repris il y a quelques mois à la Villette dans une version « choreographer’s cut » plus spectaculaire, et le faussement léger Sun (2013) donnés au Théâtre de la Ville, Hofesh Shechter investit actuellement la scène du Théâtre des Abbesses avec un programme plus épuré, mais non moins passionnant, constitué de trois pièces. Deux anciennes, jamais jouées en France : Cult (2004) et Fragments (2003), et une création mondiale : Disappearing Act.

Trois chorégraphies courtes – l’ensemble dure une heure, qu’on voit à peine passer -, ciselées dans la sobriété et dédiées à huit jeunes danseurs exceptionnels, d’une précision qui force le respect. Cult, qui ouvre le bal avec six danseurs énergiques, pose les bases d’une thématique récurrente chez Hofesh Shechter : « les jeux de pouvoir dans la société et les luttes qu’ils entraînent ». Selon lui, chacune des trois créations, à sa façon, « met en jeu le sentiment d’être perdu, que l’on soit à l’intérieur ou à l’extérieur d’un groupe ou d’une structure ». Fragments, très beau duo, solidement et sensuellement exécuté, notamment par un danseur d’origine asiatique charismatique, explore les différentes facettes d’une relation amoureuse. La soirée monte sans conteste d’un cran. Enfin, Disappearing Act finit d’emporter notre adhésion, par sa puissance mystérieuse, voire mystique.

« Each year during auditions I’ve felt increasingly inspired and impressed by the incredible skill and talent that is out there and increasingly frustrated by the lack of opportunities available to them. It is an honour to work with these young dancers. »

Hofesh Shechter

On retrouve la « patte » d’Hofesh Shechter dans ses références aux danses folkloriques israéliennes et son utilisation d’une musique rythmique entêtante (il pratique la batterie), d’un volume sonore souvent très élevé, intimement liée à ses chorégraphies telluriques. Les décibels traversent notre corps tandis que nous voyons ceux des danseurs se tendre, se ramasser soudainement, tourbillonner dans un parfait ensemble avant que le groupe ne se désagrège, pour mieux se reconstituer, mains levées vers le ciel. Les jeux de lumière sont magnifiques, d’une « obscure clarté », quasi-souterraine, apparaissant et disparaissant en flashes cabalistiques. « In the beginning, there was / Darkness »…

On ne sait trop quelle transe offensive se déroule sous nos yeux mais il est difficile de ne pas être, au final, emporté par la force de ce que l’on voit.

« In the end, there was »… une ovation du public amplement méritée, saluant ce très beau cadeau fait à de merveilleux danseurs (ils ont appris les chorégraphies en deux mois !) à l’aube de leur carrière et ces « morceaux choisis », simples et de bon goût, sans une once de gras. Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, voici une occasion à ne pas manquer de découvrir en « douceur » l’impressionnant Hofesh Shechter !

Pour en savoir plus :

Céline

J'aime bidouiller sur l’ordinateur, m’extasier pour un rien, écrire des lettres et des cartes postales, manger du gras et des patates, commencer des régimes, dormir en réunion, faire le ménache, pique-niquer, organiser des soirées ou des sorties « gruppiert », perdre mon temps sur Facebook et mon argent sur leboncoin.fr, ranger mes livres selon un ordre précis, pianoter/gratouiller/chantonner, courir, "véloter" dans Paris, nager loin dans la mer…

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