Flo Zink est une drôle d’artiste et une artiste drôle : à la fois auteure, interprète, comédienne, et même claquettiste, et dotée d’un sacré grain de folie. Inclassable et touche-à-tout, petite cousine espiègle d’une Sophie Forte. Son deuxième spectacle, Les Veilleurs de Lune, créé l’an passé, parle joliment, dans de nouvelles chansons mêlant fantaisie et mélancolie, de nos vies contemporaines, entre recherche de l’âme soeur, ultra moderne solitude et boboïtude. Avec quelques titres résolument engagés. Une chanteuse attachante à découvrir dans l’intimité des petites salles où elle sait créer une vraie complicité avec son public.
J’avais assisté, il y a quelques années, au premier spectacle de Flo Zink, dans un troquet parisien. Petite salle, public chaleureux à quelques centimètres, en contact quasi direct avec elle. A la voir plaisanter et interagir avec les spectateurs, on comprenait que cette « promiscuité », loin de la déranger, aiguisait plutôt son sens du comique. Car, avant de chanter, Flo a pris des cours de théâtre. Et c’est en fréquentant l’école Charles Dullin, qu’elle a découvert l’écriture de chansons.
Ce « premier rendez-vous » marque le début d’une passion. Durant huit ans, tout en continuant ses stages de clown, mime et danse, elle fréquente de nombreux ateliers d’écriture de chansons : Allain Leprest, Chantale Grimm, Claude Lemesle, Ignatus… Le déclic survient lors d’un stage d’interprétation de chansons : « J’ai réalisé que chanter me permettait de jouer une multitude de personnages (alors qu’au théâtre on est souvent cantonné à un seul rôle durant la pièce), d’exprimer et de partager des émotions très variées, et de laisser jaillir aussi cette grande part de fantaisie que j’ai en moi, ce que je n’ose pas vraiment faire dans la vie ». Les spectacles d’Amélie-les-crayons finissent de la convaincre : il est possible d’allier jeu et chanson pour tendre vers une « intense poésie ».
Flo Zink décide de chanter ses propres textes, qu’elle fait mettre en musique. Les premiers sont, selon ses propres dires, « un peu nombrilistes » (une étape incontournable ?). Les veilleurs de Lune naît un peu plus tard, de son envie de parler des autres, du monde qui l’entoure. Le spectacle ne perd rien en fraîcheur ou humour : « Papa écolo » se moque gentiment des bobos végétariens, « Un homme, un vrai » de la « mâlitude » mise à nu par une larme, « Moi-même » de l’égocentrisme jusque dans la drague… Cette fois-ci, elle a fait appel à d’autres auteurs pour lui concocter des chansons rigolotes : Manu Lods, Nicole Guillin, Fabien Sanlaville et Brigitte Leyrit. De nouvelles thématiques font surface : « Les peurs cailloux », « Marée haute, marée basse » sur la solitude dans la foule, « Les veilleurs de Lune » qui dorment à ciel ouvert dans nos rues, « Nous, les vieux rêves » qui nous « rappellent que la vie passe (…), qu’elle peut être dégueulasse ». Et l’ensemble gagne en musicalité : pop, folk, jazz, bossa nova… Car elle s’est entourée de talentueux compositeurs : le Lyonnais Frédéric Bobin, la Parisienne Une Femme Mariée, Mika Larrieu de Bordeaux…
Voilà donc un spectacle de chanson française très plaisant, qui mêle morceaux « légers » et plus « tristes », avec en bonus deux ou trois textes engagés (une très belle reprise de « La bête immonde » de Michel Fugain et une originale : « On veut des étoiles »), et entrecoupé d’interludes fantasques – qui pourraient d’ailleurs, à mon humble avis, être un peu plus resserrés.
Le duo formé par Flo Zink et son guitariste, Martial Bort, fonctionne bien, ce dernier délaissant même son statut de musicien dans l’ombre pour faire quelques secondes voix appréciables.
C’est à Martial que Flo a confié la tâche d’arranger ses chansons en vue d’un premier album auto-produit grâce au financement participatif (ou crowdfunding). L’album devrait sortir au printemps 2016 et vous pouvez y participer sur lepotcommun.fr.
En dehors des concerts avec Martial, Flo Zink arpente parfois les festivals d’arts de la rue avec son « Parapluie Jukebox », créé en collaboration avec l’ingénieur Philippe Cacheux et la graphiste Pascale Evrard. Une bulle poétique avec les passants, le temps d’une chanson. Un p’tit coin d’paradis, sous un coin d’parapluie.
Une artiste à découvrir, en concert, sous son parapluie et même… à domicile ! Plus d’excuse pour ne pas soutenir la chanson !
Prochaines dates de concert :
- Samedi 21 novembre, 14h00, à la médiathèque d’Albi pour un plateau partagé
- Vendredi 4 et samedi 5 décembre, 22h00, au Limonaire (Paris) à 22h, en plateau partagé avec Laurent Berger
- Vendredi 11 décembre, 20h15, dans l’Autobus en chansons (Paris)
- Vendredi 13 mai 2016, 20h30, à Molsheim, dans le cadre des Vendredis de la Chatreuse
- Son agenda
Pour en savoir plus :
- Le site de Flo Zink | Facebook
- Participez au premier album de Flo Zink sur lepotcommun.fr
- Concerts en appartements
- Ses compositeurs : Frédéric Bobin, Une Femme Mariée, Mika Larrieu…
Prochain spectacle au théâtre d’Ivry en septembre 2016. Nous irons 😉
J’adore la séquence sous le parapluie.. Je vais même peut-être la mettre sur mon profil FB (en en indiquant la provenance, bien sûr :-))