7 octobre 2024

« Holidays, le musical » : une « buddy comédie » rafraîchissante autour de Madonna

Spectacle musical inégal qui dégage malgré tout un charme chaleureux, Holidays, le musical, prend pour prétexte les retrouvailles d’anciennes amies pour revisiter les plus grands tubes des années 80-90 de Madonna. Entre ambiance de sitcom ou teen movie de l’époque et tableaux chantés et dansés avec cœur, le public passe un moment pétillant et coloré. Et en sort avec l’envie de se replonger dans la discographie foisonnante de la Queen of Pop.

Avouons-le, je suis allée voir le spectacle sans grande conviction après avoir visionné la bande annonce (ne pas la regarder). L’ami qui m’accompagnait était un fan de Madonna dans sa propre adolescence. Nous y sommes allés un peu pour la blague, dans la perspective de rire en prenant l’ensemble au 36e degré. Contre toute attente, Holidays a été une agréable surprise.

À l’aube de ses 30 ans, Louise, riche héritière franco-américaine, convie ses trois BFFs* d’enfance à un dernier rendez-vous dans ce qui fut la chambre de leur amitié, la « Mad’room ». Une pièce rose bonbon, tapissée de posters de leur idole, source d’inspiration : Madonna. Y débarquent donc, après 14 ans d’éloignement et de silence, et sur un malentendu, trois jeunes femmes très différentes. Suzanne, la plus effacée en apparence, Nikki, la blogueuse globe-trotter émancipée et Véronica, la styliste punk rebelle. Le temps d’une soirée riche en révélations et émotions, chacune expose son parcours et les raisons secrètes qui firent exploser le groupe pourtant si soudé, le tout sur fond de titres de Madonna.

Il faut laisser passer l’exposition un peu lente avant que l’histoire ne prenne un tournant moins « girly » et plus intéressant. Holidays aborde alors (rapidement) des sujets familiaux et sociétaux dans lesquels chacun·e peut se reconnaître. Nathan Guichet a réussi à composer une trame légère mais cohérente qui met en lumière la pertinence des paroles des chansons emblématiques de la star. Attention, celles-ci sont en anglais non sous-titré, mais cela ne gâche en rien la compréhension générale et, chose appréciable, elles sont interprétées quasiment toutes en entier, sans coupe sauvage.

Photos : Fabien Charlier Neibafoto

Au-delà des chansons réjouissantes, quand bien même on n’est pas fan (c’est mon cas), c’est la complicité des quatre comédiennes-chanteuses qui donne le sourire. On croit assez à leur amitié pour être touché quand il le faut. Bien que cantonnée dans un archétype, chacune tire son épingle du jeu. Juliette Behar (Louise) endosse avec entrain le rôle ingrat de la fille « futile » à la voix aiguë (un petit côté Lesley Ann Warren dans Victor Victoria). Nevedya (Nikki), excellente danseuse, impose sans effort sa présence naturelle. Fanny Delaigue (Miss V – hommage à Vivienne Westwood ?) fait une entrée particulièrement charismatique et dégage un mystère séduisant. Quant à Ana Ka (Suzanne), elle devient de plus en plus solaire au fil du show. En plus des tableaux collectifs, chaque interprète a son solo pour briller et je dois dire qu’Ana Ka m’a vraiment émue avec sa reprise de l’une de mes chansons préférées !

Si la production semble modeste, un vrai soin a été apporté au décor quasi unique, aux lumières et aux costumes. Ceux de Miss V et tous les ensembles noirs sont à la fois élégants et sexy. Les voix et harmonies sont belles, les ré-arrangements corrects (un peu écrasés par la sonorisation de l’Alhambra). Les chorégraphies auraient pu être un peu plus spectaculaires, mais les filles chantent en live et c’est difficile en sautillant (mais enfin, elles le font !). Ce samedi, il m’a semblé que « Vogue » – meilleur tableau – et « You’ll see » étaient parfois chantées légèrement en dessous de la tonalité de la bande musicale, mais rien de rédhibitoire. Le passage vidéo avant le final festif et rigolo est un poil trop long, mais au global, quelle soirée sémillante !

N’hésitez pas à aller soutenir ces Holidays sacrément feel good : mon ami est ressorti lui aussi empli de « bonnes vibrations ». Et moi j’y retourne. On sourit tout du long, on chantonne, on revoit d’un œil tendre sa propre adolescence, les soirées pyjamas, les chorés entre copines. On se reconnaît dans l’évasion dans la musique, l’admiration pour une artiste qui devient parfois la bande originale d’une vie. On pense aux non-dits et aux chemins divergents qui ont jalonné nos vies. Je ne sais si Madonna a vu et a cautionné cette comédie musicale sans prétention, en tout cas, il me semble qu’elle ne pourrait renier cet hommage modeste qui la choisit comme fil conducteur d’une histoire d’amitié fidèle, d’émancipation et de liberté, elle qui en est l’incarnation.

* BFF = best friend forever

Pour en savoir plus :

Céline

J'aime bidouiller sur l’ordinateur, m’extasier pour un rien, écrire des lettres et des cartes postales, manger du gras et des patates, commencer des régimes, dormir en réunion, faire le ménache, pique-niquer, organiser des soirées ou des sorties « gruppiert », perdre mon temps sur Facebook et mon argent sur leboncoin.fr, ranger mes livres selon un ordre précis, pianoter/gratouiller/chantonner, courir, "véloter" dans Paris, nager loin dans la mer…

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