A quelques heures de la fin de l’année 2016, et après avoir pris la (bonne) résolution de noter dès le 1er janvier prochain tous les livres que je lirai, je prends un peu de temps pour me remémorer mes dernières lectures. J’aime lire beaucoup et vite. J’aime que les livres me marquent. Je ne m’acharne plus à finir ceux qui m’ennuient. Ces dernières semaines, j’ai vécu quelques belles expériences. J’espère que vous vous laisserez tenter à votre tour…
Mes amis, Emmanuel Bove (L’arbre vengeur, 2015)
Écrit en 1925, découvert au fond d’une nouvelle librairie (Les Nouveautés* – angle rue Bichat et rue du Faubourg du Temple, Paris), ce livre est une rencontre. Mais pas celles qui se font dans la douceur. Plutôt le genre bousculade au détour d’une rue et cognement d’épaules. Mes amis est une quête humaine, celle de la compagnie, du bras que l’on prend pour cheminer dans les rues, du verre que l’on boit en papotant. Emmanuel Bove narre avec une sincérité et une justesse désarmantes combien il est difficile de vivre dans la solitude et combien il est difficile de la quitter.
*Pour la petite histoire, la librairie se situe au rez-de-chaussée d’un nouvel ensemble abritant 90 logements sociaux et une crèche de 66 berceaux. Son histoire est peu banale : elle est née d’une mobilisation de riverains commencée en 2011 contre un projet de supérette Daily Monop’ de 400 m² au pied de l’immeuble.
L’autre qu’on adorait, Catherine Cusset (Gallimard, 2016)
Les librairies sont des lieux de perdition pour moi… circuler entre les livres présents par centaines, hésiter, tâter, reposer, parcourir. Et puis un jour, en lisant la quatrième de couverture du dernier livre de Catherine Cusset, j’ai serré fort mes mains sur cet Autre. On y découvre un homme qui se bat, qui essaie, qui tombe et se relève. Une lutte de tout instant, à travers plusieurs pays, plusieurs emplois, plusieurs relations. Une recherche qui ressemble à celle du bonheur, de la réussite, de la reconnaissance, de l’amour. Un combat contre l’absolu mépris du monde pour les êtres qui vibrent.
Repose-toi sur moi, Serge Joncour (Flammarion, 2016)
J’ai attendu que la folie de la rentrée littéraire soit passée, et que la précipitation vers les livres primés se calme un peu, avant, enfin, de me plonger dans le tout dernier roman de Serge Joncour, dont j’attends les parutions depuis la trace laissée par L’amour sans le faire. Et là encore, l’impossible et improbable rencontre de deux individus enfermés dans un quotidien, rassurant à défaut d’être confortable, se fait dans une étincelle qui semble les surprendre tout autant qu’elle saisit le lecteur. Bien sûr, il y a une histoire, des faits, des tournants dans ce roman. Mais il y a surtout ces mots qui nous résonnent en nous avec une puissance discrète et qui, pourtant, bouleversent.
Continuer, Laurent Mauvignier (Les Éditions de Minuit, 2016)
C’est Diana, mon amie libraire (Les Cahiers de Colette – 23-25 rue Rambuteau, Paris), qui m’a conseillé ce livre. Je n’avais rien lu de Laurent Mauvignier, et je me suis laissée tenter par ce petit opus aux lignes fines et serrées. Empreint d’une poésie libre et sauvage, Continuer nous emmène loin, au-delà de nos connaissances, de nos limites et même de nos envies. Où l’on se découvre encore plus vivant. Où l’on apprend par l’épreuve la force de l’amour. Dans des montagnes inconnues mais pleines d’hospitalité, une mère et son fils tentent de renouer le dialogue et de colmater les brèches apparues bien trop tôt dans leurs existences. Et il nous reste comme l’impression d’une chevauchée folle dans le vent et le froid, et un cœur qui bat comme il ne s’en savait pas capable.
Bonjour Marie,
Rigolote synchronicité : je lis sur mon iPhone ton billet alors que je sors à l’instant de la belle Librairie de Corinne, située à Soulac sur mer, riche de plusieurs livres, cadeaux d’un Noël que je n’en finis plus de fêter. Dans ma précieuse pile, se trouvent le Mauvignier et le Cusset. J’ai dévoré et aimé – mais moins que ses présents livres – le Joncour acheté il y a une semaine. Je te dirai pour les autres romans. Bise