Concert d’Ane Brun, jeudi 17 octobre 2013 @ Alhambra
Nous l’attendions impatiemment depuis plusieurs mois, le retour de la blonde Ane Brun ! Encore (trop) peu connue en France, cette envoûtante songwriter nordique (norvégienne vivant en Suède) célèbre pourtant cette année dix ans de carrière, avec un best of (Songs 2003-2013), la sortie de précieuses et complémentaires « Rarities » il y a quelques jours, et une série de concerts. Jeudi soir, c’est donc dans l’intimité chaleureuse de l’Alhambra (Paris), écrin parfait pour sa voix, qu’elle a offert, à un public confidentiel et séduit, une soirée magnifique.
Petite scène basse ; lampions suspendus ça et là, s’allumant au gré des rythmes tantôt mélancoliques, tantôt plus énergiques ; « band » de musiciens hyper solides (dont deux batteurs, comme au Trianon en 2009, une idée excellente pour dynamiser/dynamiter certains morceaux) ; choeurs aériens assurés par Nina Kinert, l’une de ses nombreuses amies suédoises aussi talentueuses qu’elle, qui jouent les backing vocalists les unes pour les autres ; qualité du son, très travaillé… tout contribuait à créer une atmosphère qui collait, comme d’habitude, au plus près de l’univers atypique d’Ane Brun.
Atypique. En effet, la musique d’Ane n’est pas si facile d’accès. Sur CD, ses mélodies singulières pourraient, à une oreille distraite ou distante, paraître très raffinées, trop ouvragées dans leur apparente simplicité. Gracieuses et précises à en être lassantes. Grave erreur ! Venez donc en concert mesurer l’ampleur réelle de son immense talent.
Ce qui frappe avant tout, c’est la voix – et quand on dit « frappe », préparez-vous à recevoir une grosse claque, oui. D’une pureté rare. Qui emplit l’espace puis les corps jusqu’à en donner des frissons. Etonnante : délicate et puissante à la fois, drainant douceur (« Changing of the Seasons ») ou ardeur (« Do you remember? ») avec la même incroyable facilité. En live, elle dégage une émotion folle. Mais Ane ne se contente pas de se reposer sur cette voix.
En cinq concerts, tous différents, nous avons pu, à chaque fois, apprécier et admirer son souci de toujours réinventer ses chansons. C’est avec joie que nous avions découvert un nouveau « Humming one of your songs », très différent de la version studio, en 2010 et 2011. Nous avons eu droit, cette fois-ci, à un « The Puzzle » (vidéo 1) vibrant, une merveilleuse version quasi country de « The Treehouse Song » (vidéo 2) et une variante entêtante de percussions de « To Let Myself Go » (vidéo 3). Mais aussi, en rappels, à ses fameuses reprises de deux classiques des années 80, « True Colors » et « Big in Japan », qu’elle recharge d’émotion et de gravité.
Impossible de ne pas être embarqué dans l’univers poétique de la chanteuse qui bouge comme si elle était totalement habitée par sa musique. Car Ane Brun, c’est aussi une présence, charismatique et sympathique. On adore sa façon de prendre possession de la scène avec ou sans sa guitare, ses chorégraphies ondulatoires et chaloupées, cette sensualité charnelle attachante, ses sourires francs, sa voix qui se fait plus timide lorsqu’elle parle… et son goût immodéré pour les tenues satinées informes aux larges manches papillons !
Dans un élan quasiment ininterrompu, Ane et sa bande ont alterné récents et anciens titres, ballades et morceaux mid tempo aux frontières inclassables de la pop, du folk, du jazz (et autres), devant un public sourire aux lèvres, fredonnant parfois, mais timidement, comme pour ne pas rompre le charme. A certains moments, nous avons un peu pensé à Björk, autre fille du Nord au talent démesuré. Ce concert céleste s’est achevé sur son morceau de bravoure, « Undertow », où sa voix, mêlée à une orchestration brillante, nous donne la sensation d’être emportées par l’océan et nous laisse étourdies et heureuses. Silence. Applaudissements. Ovation même.
Quelques jours auparavant, nous étions captivées par la voix et le talent de Thomas Dybdahl, dandy norvégien débordant d’énergie. Ane Brun nous conforte dans cette idée que le Nord sait se prémunir du frimas, grâce à ces artistes aux bras grands ouverts, qui nous accueillent à l’intérieur de leur bulle, chaude et onirique.
Rendez-vous est déjà pris pour son prochain passage en France. Vous venez, n’est-ce pas ?
- Photos et vidéos : merci à Michaël Ignatio, programmateur à CWS RADIO
- Totalité du concert sur sa chaîne Youtube
Quelques autres vidéos de ce superbe concert :
– Oh Love (+humming one of your songs) : http://youtu.be/tsmWMVsGoCU
– Undertow : http://youtu.be/9AG7e–UD94
– Do you remember ? : http://youtu.be/8KNxHRAiiAQ
Mon seul regret, c’est de n’avoir pas eu le droit à quelques chansons de Nina en première partie, ou pourquoi pas un véritable duo entre les deux.
Merci pour les vidéos !
Loupé la première partie, d’habitude ses amies (Rebekka Karijord, Jennie Abrahamson, Linnea Olsson…) chantent toujours un peu avant, je pensais que ce serait pareil cette fois-ci… Surtout que Nina a son propre répertoire…
Dommage en effet pour le duo, « Worship » n’était pas mal quand même…
C’est Tonbruket (alias … les musiciens qui ont assurés le show, mis à part Ola Hultgren, l’un des deux batteurs) qui a assuré la première partie. Bon, comme ce sont d’excellents musiciens, c’était sympa, mais une petite touche de Nina (c,
C’est magique, c’est envoutant, c’est planant, c’est de la poesie !!! un autre monde !
Un concert parfait. On se laisse porter pendant 2h par sa voix magique et vibrante. Et puis il y avait au milieu de tout ça Changing of the Seasons, une ballade magnifique qui gagnerait (comme son auteur) tellement à être connue. A écouter jusqu’au bout de la nuit.