7 octobre 2024

« Les aventures fantastiques de Marie-Rose » : Chantal Goya enchante toujours

Attention, séquence nostalgie. Je vous parle d’un temps que les moins de 30 ans ne peuvent pas connaître… à moins d’avoir des parents qui furent, fin des années 70 – début des années 80, bercés par les ritournelles de l’ingénue Chantal Goya. J’avais 3 ans à l’époque de Monsieur le Chat botté, 33 tours culte ; l’âge de mon fils aujourd’hui, à qui j’ai fait découvrir son univers. Chantal Goya est notre première idole à tous deux ! Lorsque j’ai appris qu’elle renfilait sa robe de Marie-Rose pour de nouvelles aventures au Théâtre de Paris, j’ai sauté sur l’occasion pour faire d’une pierre deux coups : partager un moment en-chantant avec mon enfant et réaliser un rêve de gosse (je ne l’avais jamais vue sur scène). Comment Chantal Goya passe-t-elle l’épreuve du temps ? Ma foi, plutôt bien !

J’avoue, j’étais sans doute la plus excitée des deux à l’idée d’aller voir, plus de 30 ans après l’avoir tant aimée, cette chère Chantal. On n’oublie pas une idole de jeunesse (oui, je suis fidèle), surtout lorsqu’elle a interprété le générique charmant de l’un des tout premiers dessins animés que l’on a regardé et aimé – Bouba, bien sûr (oui, je suis sentimentale). « Loup Loup », « Maître Renard », « David le gnome » ou encore « Capitaine Flam » sont quelques unes de mes chansons d’enfance préférées… qui figurent sur mon baladeur audiophile actuel. J’ai toujours été sensible à la patte de Jean-Jacques Debout, issu des années 60 tiraillées entre la tradition d’une certaine chanson française et la déferlante yéyé. On sent, dans ses orchestrations, les différentes influences qui l’ont nourri et l’ambition louable de conjuguer ces styles pour offrir à un public familial des spectacles à la fois populaires et de qualité. Quoiqu’on en pense, on ne peut nier le soin que ce couple increvable apporte à la création de chaque spectacle. Chantal Goya et Jean-Jacques Debout, c’est un peu les Mylène Farmer et Laurent Boutonnat pour enfants !

Les aventures fantastiques de Marie-Rose est une création, avec une quinzaine de nouveaux morceaux. Forcément, le fan des premières heures éprouvera une légère déception face au choix qui s’est imposé de ne conserver que certains hits au détriment d’autres (pourquoi Guignol apparaît-il brièvement sur scène alors qu’il n’a pas droit à sa chanson ?) Néanmoins, ces nouvelles compositions sont réussies – elles restent en tête tout autant que les anciennes – et l’émotion est bien présente lorsque, après une introduction musicale qui fait monter le suspense, le rideau se lève sur un décor parisien qui fait son petit effet. On est loin des productions impressionnantes d’antan avec arbre qui parle ou soulier qui vole, mais ce vieux Paris peint en jette ! Après deux couplets par Ratcourci, un petit rat parisien (doublé par Jean-Jacques Debout), la voiture de Bécassine déboule enfin sur scène avec, à son bord, Marie-Rose et quelques compagnons de route mythiques : Bécassine, Jeannot Lapin, Guignol, Loup Loup… sous les cris et applaudissements du public ravi. Les parents semblent aussi heureux que leurs enfants et n’hésitent pas à reprendre en chœur les paroles des chansons les plus connues, ce qui renforce le charme du moment.

Je savais qu’avec vous
J’avais un rendez-vous
Qu’il ne fallait pas manquer
Depuis le temps que je l’attendais
Les parents, les petits
Les grands et les amis
Quelle joie, je vous le jure
De vivre avec vous cette aventure

L’intrigue, c’est dommage, n’a que peu d’importance. Du vieux Paris au Gabon, Marie-Rose et Ratcourci croiseront en vrac anciens et nouveaux personnages dont un très plaisant homme invisible (l’un des meilleurs passages du spectacle selon moi, avec encore la voix de Jean-Jacques Debout), un taureau espagnol, un vilain marabout assez effrayant, un petit serpent et des koalas (je n’ai pas bien compris ce qu’ils faisaient au Gabon, mais la chanson « Wallis et Futuna » est très sympa et puis c’est l’occasion pour Chantal de passer un message écolo aux enfants)… Autant de prétextes pour enchaîner des mélodies fort entraînantes aux sonorités souvent très jazzy, dans de jolis numéros dansés. Mon préféré est probablement « Loup Loup » avec sa chouette ambiance Broadway, talonné de près par le marypoppinesque « Riguedigueding ». Quant au voyage en ballon qui ouvre la seconde partie, il ne manque pas de poésie malgré l’économie de moyens. Et quelle joie de voir « Monsieur le chat, le chat botté » !

Un nouveau petit fan

Le spectacle dure 1h30 avec entracte à Paris (1h50 pour la tournée qui débutera dès le 23 janvier – je me demande ce qu’il y aura de plus), mais passe très rapidement, même pour les plus petits – à condition, je pense, de leur avoir fait découvrir un peu avant. Grâce à une dizaine de danseurs investis qui changent de costumes au gré des tableaux, cette comédie musicale rythmée est un vrai plaisir pour petits et grands et aucune chanson n’est finalement démodée : depuis, mon fils écoute chaque jour en boucle Chantal Goya !

Deux regrets : que tout soit en playback et qu’il n’y ait pas eu de séance de dédicaces (une semaine après les attentats du 13 novembre, c’était compliqué, mais habituellement, il semble que Chantal passe entre 1 et 2 heures avec son public après le spectacle). D’aussi jolis morceaux mériteraient un orchestre en live ! Mais Chantal y met tellement de cœur, dansant, virevoltant avec ses amis en peluche avec une énergie olympique, qu’on lui pardonne volontiers cette facilité vocale, même avec nos yeux et oreilles d’adulte.

Au final, un beau moment de complicité, de chaleur et de gentillesse, à partager entre générations, avec une chanteuse populaire et accessible (elle a fait courageusement la bise à des dizaines d’enfants qui ont investi la scène !), dans le cadre élégant du Théâtre de Paris. N’hésitez pas, il reste encore cinq représentations parisiennes, avant la tournée en France, Belgique et Suisse. En toute objectivité, c’est le meilleur spectacle pour petits que j’ai vu, parmi les huit auxquels j’ai emmené mon fils ces deux dernières années. Il m’a d’ailleurs dit : « Je veux revoir Chantal Goya »… Ça tombe bien, moi aussi !

Pour en savoir plus :

Céline

J'aime bidouiller sur l’ordinateur, m’extasier pour un rien, écrire des lettres et des cartes postales, manger du gras et des patates, commencer des régimes, dormir en réunion, faire le ménache, pique-niquer, organiser des soirées ou des sorties « gruppiert », perdre mon temps sur Facebook et mon argent sur leboncoin.fr, ranger mes livres selon un ordre précis, pianoter/gratouiller/chantonner, courir, "véloter" dans Paris, nager loin dans la mer…

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Une réflexion sur « « Les aventures fantastiques de Marie-Rose » : Chantal Goya enchante toujours »

  1. Bravo pour ce bel article, en effet je pense exactement aussi que Mylène et Laurent c’est comme Chantal et Jean-Jacques ! ^^

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