22 novembre 2024

Sarah Tullamore in « London-Paris-Roam! »: OH-MY-GOD!!!

Hier soir, Sarah Tullamore avait le privilège et la lourde tâche d’ouvrir aux Feux de la Rampe, en parallèle avec Peter Vickers au Kibele, la première édition du Paris Fringe, Festival international de théâtre en anglais – déclinaison parisienne du Fringe d’Edinburgh. Après avoir eu un coup de coeur pour ses deux prestations (l’une en groupe et l’autre en solo) lors de la présentation au public lundi, j’avais très envie de voir son one woman musical show, London-Paris-Roam!, sans même savoir ce que c’était. Une très belle découverte, légère, joyeuse, chic et lumineuse comme une coupe de champagne.

Après avoir bourlingué de par le monde, Sarah, « a woman of a certain age », a posé ses valises à Paris (« Pareee’sss ») en 1994. C’est l’exploration émerveillée de cette « dazzling town » qu’elle nous raconte dans l’une de ses premières chansons, « Oh my God Paris! », qui m’a immédiatement séduite lors de la première écoute. Comment ne pas se reconnaître dans ce « OMG (Oh mon Dieu)-feeling », cette excitation d’appartenir à une scène de film, de faire partie du casting sans savoir encore quel rôle on va jouer ? Moi qui aime tant Paris (même si « toutes les fenêtres ne donnent pas sur la Tour Eiffel »), chaque mot m’a touchée en plein coeur. Ce beau morceau donne le ton du spectacle : (british) humour et tendresse, émotion et pudeur.

Mais de quoi s’agit-il au juste ? D’un one woman show/comédie musicale. Oui, ça existe ! ou peut-être que Sarah Tullamore l’a inventé, toujours est-il que je n’ai jamais rien vu d’équivalent jusqu’à présent. Il ne s’agit pas d’une succession de sketches entrecoupée d’interludes musicaux, mais bien d’une vraie progression narrative, qui passe naturellement de la parole parlée à la parole chantée. Exactement comme dans une comédie musicale. Ne manquaient que les claquettes (tapdance) !

Sur scène, cette grande blonde fine et classe, éminemment sympathique, l’oeil qui frise, la diction parfaite (ah que c’est beau l’Anglais !), quelques cartons, une chaise, un pianiste discret mais talentueux : John Florencio. Sarah s’installe, un verre à la main. Elle l’annonce d’emblée : rien de trop profond ni d’ennuyeux ce soir. Elle va nous raconter et nous chanter sa vie : ses aventures et mésaventures à « Paris », mais aussi en Italie, au Japon, sa romance avec notre capitale et un (chaud ?) « lapin » (voir le spectacle pour comprendre) frenchie, gourmand/gourmet qui, hélas, prendra fin un jour, car « le rêve parisien ne dure pas toujours ». Tullamore, tue l’amour ?… Après tant d’années passées ici, elle fait le point devant nous. Et même avec nous, car elle s’amuse à briser le quatrième mur pour s’adresser directement au public et nous associer à son récit, qui fait bien souvent écho à nos propres vies. N’est-il pas temps de repartir, de faire « one step forward » ?

Sarah Tullamore égrène ses souvenirs et réflexions en alternant le stand up et les parties chantées. Elle maîtrise parfaitement l’exercice et on imagine le travail que ça a dû demander pour que tout paraisse si facile. Son sens du tempo (chapeau sur la partie anglais/français en rimes) donne un charme fou à ses descriptions alléchantes de plats italiens ou japonais, ses anecdotes amusantes sur l’horoscope chinois et le chamanisme, ou ses considérations sur le temps qui passe pour les femmes. Elle joue avec les clichés parisiens (« The bill »), mais l’on sent, derrière la moquerie gentille, un tel amour à notre endroit, qu’on lui pardonne de tirer sur l’ambulance (les serveuses désagréables). La mise en scène de Frédéric Baptiste est sobre et efficace, reposant sur le charisme de la comédienne, un jeu de lumières plaisant et une musique très réussie.

Sarah Tullamore tenait à avoir des chansons originales pour ce spectacle, et a travaillé, pour ce faire, en étroite collaboration avec le compositeur James Burn qui a transcrit ses idées en notes. Le résultat est formidable : swing, jazzy, pop… avec cette petite « touch of Broadway », cette légère emphase musicale et théâtrale que je ne saurais décrire mais qui fait toute la différence entre le musical anglo-saxon et à la française. Ce mélange des genres crée une douce nostalgie qui donnera peut-être des frissons aux plus sensibles d’entre vous. Et quelle voix !

Faire connaissance avec cette artiste sincère et généreuse fut un délice. London-Paris-Roam! est un spectacle qu’on n’a pas l’habitude de voir en France, c’est donc une belle opportunité pour elle et nous que le Paris Fringe l’ait sélectionnée. Elle se produit une seconde fois dimanche, puis partira cet été au Fringe d’Edinburgh où son spectacle est également programmé. Vous pouvez d’ailleurs participer au financement de sa production ici : Send Sarah Tullamore to Edinburgh! Niveau d’anglais requis : medium. J’ai tout compris mais certaines subtilités m’ont échappé et je n’ai pas bien entendu lorsqu’elle parlait doucement (juste à un moment de la pièce).

N’hésitez pas à courir la voir et l’applaudir. La salle était pleine à craquer hier et les « bravo » ont fusé de toutes parts. Sarah Tullamore loves Paris. Paris le lui a bien rendu.

Cheers!

Pour en savoir plus :

Céline

J'aime bidouiller sur l’ordinateur, m’extasier pour un rien, écrire des lettres et des cartes postales, manger du gras et des patates, commencer des régimes, dormir en réunion, faire le ménache, pique-niquer, organiser des soirées ou des sorties « gruppiert », perdre mon temps sur Facebook et mon argent sur leboncoin.fr, ranger mes livres selon un ordre précis, pianoter/gratouiller/chantonner, courir, "véloter" dans Paris, nager loin dans la mer…

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