L’exposition « Jean-Paul Gaultier » a été présentée au Grand Palais, à Paris, du 1er avril au 3 août 2015. Retour sur cette rétrospective que j’attendais depuis… toujours. Je ne remercierai jamais assez les bonnes fées qui se sont penchées sur cette incroyable carrière pour la rendre, plus qu’accessible, « palpable » aux yeux du grand public.
Nous sommes le 26 juillet 2015, dans le TGV de 21h58 faisant la liaison Paris-Lyon. J’ai peu dormi sur les dernières 48 heures. J’ai passé ma journée debout. Et alors que je pourrais profiter de mes deux heures de trajet pour prendre un peu d’avance sur ma nuit, je m’en trouve parfaitement incapable. Il ne pouvait en être autrement après la visite de l’exposition Jean-Paul Gaultier au Grand Palais, que je qualifierai « d’exposition d’une vie » : la vie professionnelle et artistique plus que féconde de ce génie de la mode d’une part ; ma vie de fan inconditionnelle du plus loin qu’il m’en souvienne (ou presque) d’autre part.
On commence notre parcours en compagnie d’un ours en peluche élimé, Nana, et d’un garçonnet souriant aux cotés de sa grand-mère. Un faire-part de naissance, des photos de famille… autant de petits trésors d’intimité qui nous attachent de manière indéfectible à l’artiste.
Puis viennent les croquis de jeunesse, la lettre d’embauche de la Maison Cardin, les portraits de ceux qui comptent, et les pièces déjà novatrices de la première collection de 1971. Le couturier, oserais-je dire « en herbe », se fournit au Marché Saint-Pierre, et fait un usage tout à fait personnel de la toile à canevas et des napperons en paille.
Notre visite continue, à la découverte des thèmes chers à l’artiste : marins et sirènes, vierges et madones. Des pièces extrêmement travaillées (perles de rocailles, dentelle, plumes…), démontrant pour certaines une vraie prouesse technique, comme cette robe « sirène » avec écailles articulées :
Jean-Paul s’entoure des meilleurs ateliers (Lesage entre autres).
Alors que je progresse dans l’exposition, mon excitation ne cesse de croître : je les ai devant les yeux, ces magnifiques robes de soirée en jean, ces fins t-shirts aux motifs tatouages, ces fières tenues de punk en cuir et tartan jaune tournesol !
Derrière moi, sur le catwalk, défilent les silhouettes de la Parisienne telle que la voit le créateur : tantôt chic (trench, tailleur), tantôt glamour (robe longue modèle « Pigalle »), toujours sublime.
On en vient à la collaboration de Jean-Paul Gaultier avec les plus grandes stars internationales, Madonna en tête. Et me voilà nez-à-nez avec le fameux bustier/corset rose poudré porté par la chanteuse, dont l’image a fortement marqué mon adolescence. Kylie (Minogue), Mylène (Farmer), Catherine (Ringer) ont également porté des créations du couturier.
Et de la loge on passe tout naturellement au boudoir, où l’on découvre tout le travail de l’artiste autour du corset : pour femme ou pour homme, en rubans ou en cuir, simple ou très travaillé, virginal ou provocateur. Une déclinaison autour du même thème qui, bien loin de nous lasser, nous lace et nous entrelace.
Les dernières salles foisonnent de tant de richesses, que je me raccroche à Jean-Paul lui-même pour être le fil me conduisant d’une silhouette à une autre. Tout est somptueux : les matières, les formes, l’histoire que nous racontent ces tenues. Ici, une pirate portant des cuissardes de plumes ; là, une princesse guerrière dans sa profusion de treillis ; et là encore, une grande prêtresse africaine, vêtue d’une peau de léopard entièrement constituée de perles, qui a demandé aux ateliers Lesage 1 600 heures de travail !
Et Jean-Paul de nous faire voyager, de l’Afrique à l’Asie, en passant par l’Europe de l’Est, avec ses matières chaudes et ses motifs floraux.
Il n’est pas étonnant que je me trouve totalement déboussolée : je viens de faire le tour du monde en 30 silhouettes.
Comme pour ramener doucement le visiteur à la réalité, l’exposition se termine par une sélection de robes de mariée, parmi les plus emblématiques du couturier. Et là encore, Jean-Paul me fascine, car il arrive à faire d’une robe blanche la tenue la plus haute en couleurs qui soit. Pour preuve, ce modèle de la collection «Les Hussardes » (Haute Couture – Automne-Hiver 2002-2003). J’en reste encore interdite d’admiration en y repensant.
Je quitte l’exposition les yeux pétillants, car j’ai approché, d’aussi près qu’il m’est possible, MON étoile. Et maintenant que mes impressions sont couchées sur le papier, nul doute que je trouverai enfin le profond sommeil qui me permettra de me parer, en rêve, des plus belles créations de ce fantastique artiste.
Pour en savoir plus :
- www.jeanpaulgaultier.com
- L’exposition se trouve actuellement à la Kunsthalle de Munich, et ce jusqu’au 14 février 2016
Oui! Hommage à ce punk de la haute couture.
http://culturebox.francetvinfo.fr/des-mots-de-minuit/arts/jean-paul-gaultier-le-punk-de-la-haute-couture-220225