Il ne reste déjà plus que trois dates pour (re)découvrir en famille le duo drôle et tendre formé par les deux clowns-acrobates Camilla et Simone de la Compagnia Baccalà. Un spectacle certes sans paroles – nonobstant les fameuses onomatopées « pss pss » qui permettent aux deux protagonistes de s’interpeller – mais plein d’idées et de poésie. Moi qui n’aime pas spécialement les clowns ni le comique de situation, je me suis surprise à rire franchement de bon cœur, autant voire plus que les enfants de la salle.
Je ne serais peut-être jamais allée voir ce spectacle atypique si deux artistes que j’apprécie particulièrement ne m’en avaient pas parlé avec enthousiasme et admiration au détour d’une interview. Lili Cros et Thierry Chazelle, duo d’auteurs-compositeurs lointains cousins chanteurs de la Compagnia Baccalà, m’avaient donné envie de les découvrir (merci à eux !)… Six ans plus tard, j’en ai eu l’occasion ! Grand bien m’en a pris !
Le spectacle est, en apparence, simple : dépouillé, sans prétention, mais c’est pour mieux valoriser la maîtrise technique impressionnante de Camilla et Simone. Sur un fond noir, deux personnages facétieux (lui semble de prime abord un peu moins coloré qu’elle, ils sont en fait complémentaires), qui évoquent le burlesque et le slapstick façon Chaplin, Lloyd ou Keaton, vont enchaîner les mimiques et acrobaties pour notre plus grand plaisir. Sans aucun autre artifice que leur seule présence scénique et 3-4 accessoires ridiculement banals.
Parfois en colère, parfois moqueurs, parfois tendres, toujours complices, les deux compères représentent avec justesse toutes les émotions contradictoires ou jouissives qui peuvent nous traverser en présence de l’autre. Chamailleries autour d’une pomme ou d’une banane, danse à deux, câlins… C’est bien sûr lorsqu’ils coopèrent que les deux clowns, qui usent de leur visage et de leur corps avec une virtuosité toute en légèreté, accomplissent les plus belles performances.
Main à main, diabolo, trapèze… échelle ! Les numéros traditionnels comme les plus inventifs sont réalisés en parfaite synchronisation avec la musique (qu’ils jouent parfois eux-mêmes, artistes complets qu’ils sont !), dans un humour bienveillant qui décroche les rires de la salle, tous âges confondus. On se souviendra longtemps des grimaces incroyables de Camilla (ne pas hésiter à se placer près, pour une fois, c’est mieux !) et du spectateur coopératif !
Lorsque le tempo ralentit un peu (probablement pour que les athlètes récupèrent), le duo interagit habilement avec le public, ravi. On rit, on est touché, que c’est doux sans être jamais niaiseux !
Ce spectacle qui fait « mine de rien », à rebours des clichés du genre, n’aura pas peut-être pas un effet « wahou » sur tout le monde. Mais pour celles et ceux qui sont sensibles à l’absurde, à la tendresse, à la poétique du minimalisme, et à l’amour, il offre avec une grâce certaine une parenthèse enchantée bienvenue. On en ressort charmé, de bonne humeur, avec son âme d’enfant retrouvée. Merci pour ce cadeau.
Photos : Pierre Cotti, Geri Born
Pour en savoir plus :
- Le Théâtre Libre (Paris 10) : infos et réservations
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- Site de la Cia Baccalà